Quand le lien à l'emploi devient plus incertain pour de larges fractions de la population, que la précarité se généralise, la question du logement doit être abordée avec un regard neuf. Répondre à la demande de logement de ceux que l'on nomme un peu hâtivement "les exclus" mais qui sont le plus souvent "des valides invalidés" devient une exigence, faute de quoi ils risquent de vivre une double exclusion : du monde du travail et du logement ou de la ville.Des politiques récentes, comme celle que le loi du 31 mai 1990 cherche à promouvoir, apparaissent alors essentielles pour garantir l'accès au logement et faire de l'habitat un facteur de cohésion sociale. Cet ouvrage collectif rend compte des enseignements d'un programme de recherche, piloté conjointement par le Plan Construction et Architecture et la Direction de l'Habitat et de la Construction, qui analyse les conditions d'élaboration de la politique du logement en faveur des personnes défavorisées dans neuf départements, de 1990 à 1993. Il ne se résume pas à la description de la manière dont les acteurs locaux concernés s'en sont saisis mais, au delà, cherche à identifier la spécificité de cette politique et pose quelques questions majeures :La précarité peut-elle être traitée à la marge par les politiques publiques ? La politique en faveur du logement des personnes défavorisées peut-elle favoriser une inflation de catégories de personnes défavorisées : SDF, mal logé, bénéficiaire d'un revenu minimum... sans risquer de provoquer une rupture du droit commun ? Peut-elle favoriser l'émergence de réponses spécifiques pour les populations les plus fragiles, sans réduire en même temps le droit au logement au droit à un toit ? Ne convient-il pas de réduire en même temps le droit au logement à un toit ? Ne convient-il pas alors de remettre au débats les orientations de la réforme au logement arrêtées il y a vingt ans.