Depuis 1973, la crise de l'énergie a bouleversé de multiples certitudes et pratiques conventionnelles propres à notre civilisation contemporaine dans de nombreux secteurs. Mais c'est probablement dans le domaine de l'architecture et des technologies de la construction qu'on peut déceler une des plus surprenantes évolutions : la ré-actualisation des architectures de terre. Dans l'esprit de la majorité de nos contemporains, ce mode de construction méconnu est méprisé car lié à des images d'archaïsme et de pauvreté. Cet ouvrage entend démontrer le contraire.

Depuis près de 10 000 ans que les hommes bâtissent des villes, la terre crue a été et demeure un des principaux matériaux de construction utili­sés sur notre planète. Aujourd'hui, plus du tiers de l'humanité vit dans des architectures de terre. Presque toutes les civilisations urbaines ou rurales de l'antiquité à l'ère moderne ont fait usage de ce matériau essentiel. Des témoignages éloquents de ce génie de la terre subsistent depuis des siècles et prouvent la solidité que ce matériau peut, dans certaines conditions, opposer à l'épreuve du temps. A travers le monde entier - des contrées froides et pluvieuses aux régions les plus chaudes et sèches - la construction en terre s'est adaptée avec efficacité à des contraintes climatiques très diverses. Bien utilisé, le matériau terre offre partout un « confort thermique » très apprécié qui assure une régulation naturelle optimale entre les températures exté­rieure et intérieure.

Ce remarquable patrimoine culturel universel a été occulté depuis près d'un demi-siècle par une « élite» qui prétendait faire table rase des tradi­tions. Cette ère de suffisance et d'oubli est presque révolue : il nous faut maintenant redécouvrir les évidences de ce que certains ont tenté de nous faire oublier. Désormais, «traditions» et «modernité» ne sont plus inconciliables.