Faut savoir s'étendre sans se répandre, pauvre Lofa ... chante Gainsbourg dans les années soixante. Et d'ajouter, après la reprise du refrain, c'est délicat. Pour sûr, c'est délicat !
Et le poète a toujours raison. Si la ville doit pouvoir s'étendre, doit-elle pour autant se répandre et s'étaler sans fin ? Avec plus de 15 000 nouveaux habitants par an, c'est une sous-préfecture comme Muret qu'il faut bâtir chaque année. Autant dire le Far West! Alors, si la ville doit pouvoir s'étendre, la ville doit aussi savoir s'étendre. Les villes et les villages qui, couronne après couronne, ceinturent la métropole toulousaine, ne pourront résister longtemps. Nul ne peut aujourd'hui contester cette réalité-là. Il serait en effet vain de prétendre rester immuablement dans son environnement villageois et champêtre, et préserver au seul bénéfice de ses administrés le douillet cocon rurbain actuel. Nous ne sommes pas des vers (1 à soi) pour ériger l'égoïsme en vertu républicaine, et un minimum de solidarité citoyenne exige que nous organisions au mieux l'accueil des nouveaux arrivants.

Diaboliser l'étalement urbain n'aura servi à rien et abouti finalement à faire la politique de l'autruche. Mieux vaut alors prendre le problème à bras le corps et organiser une extension raisonnée et raisonnable de nos bourgs et de nos villes. D'ici à une dizaine d'années, toutes les communes situées dans la zone d'influence de la métropole régionale verront à coup sûr doubler leur population. Il est donc nécessaire d'anticiper et urgent de prendre le temps de la réflexion. De nouveaux équipements seront à construire, des aménagements devront être réalisés. Il faut donc planifier, il faut donc projeter, il faut même savoir « rêver ». Alors, rêvons ensemble à la ville de demain, à la ville que nous voulons pour nos enfants et pour les futures générations. C'est à nous, ensemble, de l'imaginer et de la construire. Cet ouvrage qui rend compte d'une démarche expérimentale initiée par le CAUE de la Haute-Garonne entre 2005 et 2008 se veut un des outils de cette construction collective.