A peine close l'ère des épopées qui furent contemporaines de sa diffusion internationale, l'architecture moderne s'est vue l'objet d'analyses qui déplaçaient le sens de ses réalisations et en appauvrissaient la dimension spatiale en exaltant la seule portée sociale des projets urbains dont elle était la source. Que ces analyses aient visé à démontrer que l'architecture des mouvements modernes était l'expression d'une commande sociale « progressiste, ou, au contraire, d'un projet hygiéniste autoritaire, c'était le plus souvent la vision d'un vaste complot qui était brossée. L'apparition d'une nouvelle génération de recherches sur les sources originales a permis de nouvelles interprétations qui autorisent une reconstruction moins manichéenne des phénomènes historiques associant l'architecture et la transformation des pratiques urbaines depuis la fin du siècle dernier. L'ambition du colloque organisé par l'Institut français d'architecture et le secrétariat de la Recherche Architecturale en décembre 1981 et dont les principaux matériaux sont rassemblés ici était par une large confrontation internationale, d'élargir le regard porté par de nombreuses équipes d'historiens de l’architecture et de la ville depuis plusieurs années sur un volet particulier de cette chronique, à savoir la politique urbaine de la social-démocratie européenne.