La présentation du Quartier Psychiatrique de Montauban suit un plan évolutif qui conduit le lecteur de la préhistoire au Moyen Âge, puis très rapidement à la Révolution et à toute la période qui lui succède.
L’étude montre que les concepteurs de l'asile ont tenu compte de l'histoire de la folie et des frayeurs ancestrales qu'elle a générées tout au long des siècles. Dans une première partie, elle décrit à travers des temps et des géographies différentes, une approche de la folie qui a dicté des comportements, des défenses, des peurs. Aliénistes, architectes et législateurs, ont largement contribué à la promulgation de la loi du 30 Juin 1838 obligeant les départements de se doter d'hôpitaux psychiatriques exclusivement réservés aux malades mentaux.
Ces bâtisseurs ont-ils mis un terme à la souffrance des insensés et de leur famille, à l'effroi provoqué par la folie ? Sont-ils parvenus à protéger le « fou » de la bonne société ou est-ce l'inverse ? Cette loi scelle en tout cas l'engagement pris par les révolutionnaires à héberger et soigner les « fous », autrefois brûlés, puis plus tard emprisonnés et enchaînés, et mélangés aux détenus de droit commun. Pour autant, cette loi ne va pas totalement répondre aux intentions humanistes de ses auteurs, puisque les hôpitaux s'engorgent, la promiscuité et la surpopulation accroissent la violence, l'agressivité. L’ouvrage s'attache à recentrer peu à peu l'observation sur le Quartier Psychiatrique de Montauban et à vérifier que l'architecture des bâtiments influe défavorablement sur les malades ... et le personnel (gardiens et médecins). Pour démontrer cela, l'auteur explore les archives hospitalières (d'une richesse inouïe), les archives communales et nationales, la presse locale et bien d'autres sources encore. Il note les comportements, étudie les réactions, recense les incidents, les bagarres, les accidents, les évasions tentées ou réussies, les agressions, les meurtres ou tentatives, les haines tenaces, les vengeances. Enfin, il décrit un monde hostile et violent, bien éloigné de ce qu'avaient rêvé les aliénistes Pinel ou Esquirol, en le resituant sans cesse dans le contexte de l'époque : l'inefficacité des thérapeutiques, la promiscuité, l'obsolescence des bâtiments, la brutalité et l'inculture des gardiens.